une introduction à la science de la fête

une introduction à la science de la fête

Nouveau messagede Béguin Etranger » Mar 1 Déc 2009 19:39


les règles du jeu, c’est nous ; l’Etat on s’en fout

Nous, anonymes atomisés, malgré la pauvreté de nos rapports sociaux, avons des atouts, des armes, des instruments, des expériences et des théories, pour préparer l’occasion de la révolte et délivrer le monde

Que vous n’en ayez aucune idée, ni le moindre soupçon, est la preuve que l’information que vous acceptez résigne à ses oripeaux, au lieu d’encourager à la liberté ; que vous n’en pressentiez rien ou ne souhaitiez pas confusément un changement radical (1), ne serait-ce que par intermittence, est la preuve de la performance de votre blindage émotionnel

Cependant, se révolter vraiment, après un demi siècle de révoltes souvent sans perspectives déterminantes, mais de plus en plus fréquentes, récupérées ou occultées, et disséminées dans le monde, cela implique, ainsi que les pauvres à l’assaut de la société le vocifèrent et le balbutient, ainsi que la victoire s’esquisse :

immédiatement, en finir avec l’Etat garant de la marchandise et avec la bénédiction de l’information dominante ; en finir avec les cultes de l’argent et du travail

en finir avec la vie soumise à l’économie (serviteur devenant intendant, maître, puis tyran)


en excluant pratiquement l’argent de notre existence : progressivement, tout passe en libre service, au sens propre du terme, et répond au principe d’aménité : soit, la majorité des gens à l’air globalement satisfaite de sa petite place dans le salariat, il n’y a donc pas de raison que ça change brutalement (sinon pour la marchandise, qui, dès lors, suit le mouvement au lieu de mener la danse)

ou bien en occupant les principaux centres financiers (banques, bourses, trésors publics) pour la mise en circulation progressive de tout l’argent disponible dans le monde, sous forme d’autonomie financière individuelle, généralisée et inconditionnelle

Évidemment, si les circonstances n’y suffisent pas, il faudra trancher. Mais, pour l’heure, l’option semble indifférente, inessentielle au regard du but

En fait, l’établissement de l’une ou l’autre situation est le fruit d’une conquête majeure de la parole et le gage du passage généralisé de la vaine critique théorique à la critique pratique du travail, de l’Etat, de la marchandise et, en conséquence, de la survie augmentée indéfiniment


1. c'est la même chose


festina lente lente

La démarche, afin de développer une véritable subjectivité, c'est-à-dire une unité en dehors de l’information, et de préparer l’occasion, est la même dans les deux cas (ce serait évidemment aussi une expérience précieuse lors de bouleversements sociaux imprévus) :

communication quartier par quartier sur le fond de ces propositions ; mobilisation par groupes d’une dizaine minimum, les moins exclusifs, mais les plus déterminés possibles, dans nos zones d’habitation respectives, et ainsi de suite (jusqu’à l’éclosion d’assemblées communales ouvertes se coordonnant au besoin)

*** pour décliner l’activité propre à l’humain, exprimer sa noblesse (jouer, aimer, débattre, accomplir, farniente – éprouver de la vérité et vérifier de la pensée) et identifier les obstacles, ici et maintenant

** pour profiter de la propagation de la critique radicale pour entrer en contact avec les individus dont dépendent actuellement nos conditions d’existence, urbaines en particulier (énergies, alimentation, soins…)

* et exercer une influence bénéfique sur les policiers et les militaires quand ils vivent au milieu de nous ; rassurer les résignés du vieux monde et connaître ses défenseurs acharnés, conscients et inconscients

Mais, si nous ne sommes pas capables de comprendre en agissant, nous ne vaincrons jamais, nous aurons toujours un train de retard. Le capitalisme est un moment de la technoscience

Et si nous ne sommes pas capable de nous entendre, de nous rassembler au moment opportun, nous ne vaincrons pas isolément. La technoscience est une force sociale plus puissante que l’attrait de la liberté.


le nez dedans

Bien qu’il y ait de la joie et de la satisfaction à s’affirmer et à se reconnaître publiquement et mutuellement, bien que ce soit le charme de la parole de pouvoir tout enjouer, malgré cela, penser en finir avec le système de la gestion infinie du croire et de la réalisation domestique est généralement angoissant, donc peu séduisant. Ainsi, lorsque l’on s’aventure en territoire ennemi, c'est-à-dire dès que l’on conteste la totalité du système, et vraisemblablement pendant longtemps encore, on s’expose à la contagieuse et insensible démission de « ces épaves humaines engendrées par le capitalisme »

Outre l’efficacité, la fascination et le fétichisme communicatifs de la société du spectacle, c’est que si la structure sociale change contre elle même on s’imagine (sous l’influence du spectre du chômage et de la misère) plus profondément réduit à néant, livré à l’inconnu. A contrario, cette initiative collective est la preuve que cette espèce de déréliction ne va pas de soi (pour autant que vous entendez notre propos)

La dissolution morale que l’on observe actuellement est le prix de la faiblesse intellectuelle individuelle et collective. Ce qui est censé constituer un discours de la richesse du monde sur lui-même – ou culture (en fait, sa décomposition moderne dans le chaos de l’information et du divertissement) – se propage partout du fait de la communication généralisée, jusque dans l’expression la plus quotidienne de tout un chacun. Le rejet est viscéral – et n’attends pas le nombre des années ; non plus que la corruption

Ainsi, c’est sa routine interne, son confort logique, plutôt que matériel, que le vieil occidentalisme est appelé à remettre en cause : revendications et réformes d’ordre économico-national mesurent notre largesse d’esprit quand un cinquième du genre humain est contraint dans des bidonvilles, aussi éloquents qu’occultés – le reste végétant dans des ghettos plus ou moins choisis et gratifiants

Mais, là où il n’y avait que la pensée validée par le système, avec nous, se manifeste le doute central – et avec lui, au gré de nos réponses, nous découvrons la liberté dangereuse et en danger (franchement, que peut bien valoir un système qui laisse penser que s’il venait à disparaître cela invaliderait le plus grand nombre d’entre nous ? Comment vivent des gens qui n’imaginent pas dépasser un système ?)

Dans une situation en apparence confuse comme jamais, mais toujours à l’aube d’une possible décision mondiale, le moment vient de choisir son camp. Celui de l’action, de la concertation offensive, de l’ouverture du conflit, de l’aliénation de notre insatisfaction. Ou celui de la dépendance plus grande au système du croire infini en la gestion et de l’immortalité sécuritaire. Bref, rien n’est joué et tout est en jeu

Abolir l’Etat est nécessaire mais insuffisant ; anéantir la dictature médiatique marchande est la porte ouverte à tout

d’ailleurs, depuis deux siècles, assez de portes ont déjà été entrebâillées plus ou moins brusquement pour que nous ne puissions plus nous dispenser d’aller voir au-delà, en force s’il nous plait. Ce mouvement, au-delà des bornes imposées et admises, engage à l’accomplissement, enfin ouvert, du genre humain réuni en assemblée générale permanente, pour commencer. En tout cas un tel objectif est la cause et la conséquence ultime de notre mobilisation obstinée et focalisée sur le premier venu – afin qu’il se juge lui-même : est-ce l’humain paradoxal ou la raison économiste qui doit être premier ?

En effet, nous avons des atouts, des armes, des instruments, des expériences et des théories, pour préparer l’occasion de la révolte et délivrer le monde – non ? En tous cas nous ne voyons pas d’autre chose plus urgente sur laquelle s’accorder ou se déchirer entre voisins, ici et maintenant, alors bonne queste. Vive la très précieuse dispute. Vive le monde
Béguin Etranger
 

une introduction à la science de la fête - quinquennat

Nouveau messagede Béguin Etranger » Dim 18 Mar 2012 02:33

Près de cinq ans plus tard, il faut lire ce texte dans l'idée, non pas simplement qu' « abolir l’Etat est nécessaire mais insuffisant ; anéantir la dictature médiatique marchande est la porte ouverte à tout », mais que dépasser l'Etat est possible et vital (un Etat second - voir « Occuper son monde ») et que l'ombre de la dictature médiatico-marchande est la dictature du bénévolat

> be the media

De même, plutôt que « délivrer le monde », lire : réanimer le monde
Béguin Etranger
 


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