scientia in vivo

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Nouveau messagede 10 000 » Sam 3 Oct 2009 09:38

Scientia in vivo

« on pourra reconnaître la prochaine révolution à sa critique de la middleclass »


L’idée de work0ut est que les humains reconquièrent la faculté de se projeter, qui est liberté, que les choses, et en particulier les marchandises, s’accaparent. Alors, il y a évidemment quelque ironie à parler de police scientifique pour désigner un vecteur important de ce profond changement. C’est qu’il s’agit d’affirmer et vérifier collectivement la maîtrise de ce dont nous avons l’usage quotidien, mais de manière séparée. Aussi cette police scientifique n’est que l’aspect désagréable, contraignant, la part de travail nécessaire pour que le jeu soit possible et pour qu’une fois commencé on puisse le mener à son terme. Comme il a été ébauché par ailleurs (voir forums police scientifique), ce n’est pas un travail considérable (si beaucoup s’y mettent) ; il demande plutôt de la perspicacité, une forme d’attention particulière, quelque chose combinant une "écoute flottante" et une susceptibilité radicale à l’égard de la chose économico-financière.

Ainsi, la police scientifique est comme l’ombre de l’agoramobile, la part que cette dernière concède au travail, pour éclairer les rouages de la survie et les maîtriser, de sorte que le débat, expression du jeu, ne soit plus organisé en fonction du travail et de la survie, mais le travail et la survie en fonction du débat.


(L’agoramobile, en tant que disposition à parler publiquement quand cela s’impose et à imposer la parole publique en tous lieux, préfigure quelque chose (objet a – objet à lui-même son propre objet) que l’on peut désigner temporairement comme l’assemblée générale du genre humain. Etant entendu que cette dernière est le moment où tout est effectivement remis en question : l’humanité n’est pas d’abord une somme de problèmes, mais une question ouverte, un appel et une invitation à un projet autre que la survie infinie du genre.)

POLICE donc, parce que malgré toutes nos dispositions au consensus, et à cause des usages établis, de privilèges stratégiques et surtout de son but – assurer la survie d’une humanité enjouée –, il s’agit de rendre à la gestion sa place subalterne, et donc d’être en capacité de s’opposer au genre de manigance et de négligence qui caractérise cette sphère.

Mais une police qui déplace la défiance aigue qu’elle exerce aujourd’hui, et qui semble inhérente aux collectivités modernes autant qu’à la mission qu’elles lui confient, de l’individu aux entreprises ; de la gestion des humains potentiellement nuisibles aux choses et aux autres, à la gestion des choses utiles et nécessaires aux humains.


(S’il y a presque forcément des individus impliqués dans les moments où son action devient contraignante, son but est de rétablir une situation que ceux-ci ont perturbée, pas de chercher des coupables : cependant l’intensité de leur résistance leur vaudra, sur le moment, une contrainte proportionnelle afin de rétablir la situation.)

Quelle soit spéculative (1.1), investigatrice (1.2), préventive et répressive (2.), du fait de l’ampleur et de la complexité de son champ d’intervention, de la mobilisation latente, quoique permanente, qu’elle implique, la police scientifique workaoutante est une police sans policiers : il n’y a que des individus qui contribuent, ponctuellement et à leur guise, à une activité qui n’a d’autre reconnaissance de son bien fondé que par sa pertinence dans l’élaboration et la réalisation de work0ut comme projet, dans l’amendement de work0ut comme principes et dispositifs.

La police en mode w.0 est constituée de franc tireurs susceptibles d’évoluer en tirailleur ou en commando, en espion comme en force d’occupation ou en milice
.

(milice : dans le sens [workaouté] de « troupe levée [de leur propre chef] dans une ville [potentiellement] affranchie pour [conquérir et] défendre celle-ci » ; du latin militia, « service militaire ».)

(L’écrivain public moderne peut être compris comme un franc tireur qui se propose de partir en éclaireur des potentialités de l’agoramobile. En tant qu’il vise à la publicité de la police scientifique, il combinera une évolution en tirailleur, « qui tire en tous sens, des coups irréguliers et répétés, en avant du gros de la troupe, afin de harceler l’ennemi. »)

SCIENTIFIQUE, parce que, d’une part, il s’agit de constituer un savoir – public, élémentaire et pratique –, afin de se mettre en capacité de réaliser work0ut (et d’en poser et imposer les prémisses comme d’en contrôler a minima les conséquences) et, d’autre part, parce que work0ut, au fond, est un processus expérimental, son champ d’application et de vérification étant porté à son stade supérieur : le monde – la totalité – l’histoire – le jeu comme activité générique de l’humain. Ainsi, en proposant la modification d’une variable (usage de l’argent), toutes choses égales par ailleurs, nous nous engageons à mener de front, observation, transformation et correction, toutes activités destinées à être rendu publiques, mais aussi éprouvées publiquement. C’est pourquoi work0ut se veut une proposition favorable au plus grand nombre, potentiellement des plus fécondes et dont le sens et les implications sont compréhensibles par tous.

(On nous dira inévitablement que ce n’est pas bien de jouer avec des vies – quand c’est, aujourd’hui même, le privilège de quelques décideurs plus ou moins obscurs. Or, en parlant de police scientifique nous ne faisons que suggérer d’étendre ce privilège public à tous ceux qui le souhaitent. Nous ne faisons donc qu’émettre une proposition. Terrible, cette faculté de confondre le mot et la chose, l’idée et sa réalisation ; terrible, et inhibitrice, et dramatiquement divertissante. Car, vu son ambition, work0ut n’est rien, n’a pas de sens, ni de forme, sans l’engagement et l’assentiment des anonymes dont l’existence est déjà en jeu, bien qu’ils n’y trouvent ni signification, ni satisfaction profondes : d’où l’importance de connaître et de faire connaître nos dispositions à l’égard de work0ut.)


AUJOURD’HUI, la police d’Etat (y compris l’armée, de plus en plus vouée à la « sécurité intérieure », que ce soit à domicile ou à l’extérieur) est puissance en droit et en apparence (monopole de la violence légitimée) et impuissance de fait (à couvrir le mensonge social) ; la police des gens cherche plutôt à mobiliser sa puissance en contrepoint à son impuissance instituée (non pas la sécurité intérieure partout, mais la survie mondialement assumée), quand bien même le droit et les apparences seraient contre nous (des anonymes atomisés cherchant à s’organiser par eux-mêmes, afin de s’associer efficacement et ponctuellement dans un but précis).

Comme il se doit la police scientifique / w.0 est armée. Son potentiel offensif et répressif se trouve en deçà des discours. Son arsenal offensif et préventif est distribué ainsi : dans ses lignes arrières, un dossier où tenir les principaux documents relatifs à work0ut; un accès à Internet pour les échanges par forums et mails, et pour la recherche d’informations, entre autres sources. Sur le terrain de bataille : des contacts, virulents ou réticents, dans les entreprises comme ailleurs. Toujours à portée de main, un peu de publicité : « police scientifique par tous », « du débat public », éventuellement « la gazette » ; un carnet où consigner le tout venant de ce qui semble concerner work0ut de près ou de loin. Et par dessus tout : une discipline de langage, car on a beau dire et s’opposer à une société, on utilise ses mots, on est pris dans ses slogans en forme de rengaines, la myopie du sens qu’ils imposent : d’où cet argot, qui ne nécessite toutefois pas plus d’effort pour être décrypté qu’il n’en n’a fallu pour le formuler ; d’où la préciosité de l’emploi de notre temps de parole dans la guerre du temps et l’importance de la capacité de résister au bavardage intempestif et à la banalité des faits divers qui découragent de s’écouter et de s’entendre. Et discipline encore, cette disponibilité à collecter les informations et à informer et discuter sur un mode furtif, quoique systématique, en passant. Plus une arme expérimentale : le mécénat démocratique comme complicité engagée ou affirmation dégagée, juste citoyenne, de la liberté d’expression.


Néanmoins, POUR EN FINIR, nous dirons que la police (y compris l’armée et la police scientifique / w.0) est un mal, une contrainte – certainement pas nécessaire, certainement utile à certains – qui devrait se résorber en l’espace de une ou deux générations workaoutées. Car, au même titre que l’Etat, toute police pourrait se dissoudre dans et par l’agoramobile, ne laissant plus qu’un mauvais souvenir, conservé au musée intime des temps où régnait la police de l’esprit. Un musée actualisé ponctuellement par les interventions préventives et coercitives de la police scientifique, ce spectre, mémoire du devoir.

VIVENT LES BANQUIERS ET LES COMPTABLES, WORKAOUTÉS OU SEQUESTRÉS !
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