pour une mobilisation généreuse

à la base, on travaille pour assurer la survie de l'espèce ;
maintenant on se bat et on se tue pour un emploi débile dans un monde vain : riposte

pour une mobilisation généreuse

Nouveau messagede 10 000 » Mar 17 Nov 2009 04:33

mise en perpective du forum « burn out : se tuer au travail »

C’est un lieu commun de dire que nous, les individus modernes, occidentaux ou en voie d’occidentalisation – ou d’américanisation –, le terme n’importe pas tant, nous pourrions bien dire les pauvres middleclass que nous désignerions ces mêmes gens : les anonymes de base, nous ; et c’est donc un lieu commun de dire que nous sommes hyper sollicités. Ça commence dès la plus tendre enfance, stimulée à tout va – consciemment ou non –, et cela s’enchaîne avec le management et le marketing – pour aller à l’essentiel. Ainsi, tout est poussé à son paroxysme, immédiatement : la violence et un certain raffinement, le confort et la futilité, l’ambition et la résignation, l’aveuglement et l’évidence. C’est indiscutable, non parce que ça nous plait comme ça, mais parce que nous n’avons ni le temps, ni la capacité, de le remettre en question. A peine en faisons-nous le constat qu’il est balayé par une nouvelle lubie, essoré par les flots de l’actualité. Il est probable que jamais autant d’humains n’ont été aussi contents de leur sort et d’eux-mêmes que de nos jours ; et aussi fragiles et vulnérables en dehors des autoroutes de la pensée dominante (travail, famille, ego, divertissement). La moindre déroute devient stress, angoisse, panique. Cela vaut pour la participation aux forums, outre le fait que ce soit un outil très négligé : on vide son sac en vrac avant de s’évanouir ressasser au petit bonheur, sinon en soi...

C’est une des raisons pour lesquelles, nous, des anonymes parmi les anonymes, avons pris les positions qui sont les nôtres et nous efforçons de les tenir, de les préciser et de les renforcer. Cela se manifeste d’abord par un site Internet et un forum, quelques prudentes (voire timides) interventions publiques. En effet, notre propos est essentiellement un effort matriciel, qui ne demande qu’une "attention flottante". Il n’est rien, et le restera, si les pauvres middleclass ne fécondent pas cette matrice (elle-même en germe, protéiforme, mutante) et ne s’improvisent pas maïeuticiens.

Le but de cette intervention-ci est donc de catalyser et coaliser "souterrainement" les énergies individuelles qui vont passer par ce forum, qui vont s’y déverser et fort probablement s’étioler progressivement, sans conséquences, avant d’être sollicitées et ravivées ailleurs. Concrètement, c’est assez élémentaire, il suffirait d’ajouter les 3 forums dont il est question à nos sites « favoris » et d’y revenir de temps à autre. Soit pour y ajouter son grain de sel (de soi-même ou en réaction), soit pour trouver quelques informations nouvelles (ou renouvelées par le contexte) et autres renseignements plus ou moins pratiques.

On comprendra peut-être, même si notre effort se déploie surtout en termes de connaissance, que nous parlions de guerre quand il y a visiblement lutte, oppression du moins : tant sur le plan individuel et immédiat, que sur le plan idéologique à moyen terme et qu’en rapport au tout sur le plan médiatique. Car, oser parler de guerre et être entendu malgré l'ambiance de résignation bien pensante est le premier pas vers une mobilisation généreuse et délibérée, quoique intermittente (selon le cœur en fait, ce creuset des tripes et du cerveau), "flottante". Pour nous il ne s’agit même plus de seulement résister, mais de préparer une offensive.

Dans la guerre des nerfs (du temps et du sens), nous nous attaquons au nerf de la guerre. Nous n’avons et ne revendiquons cependant d’autre autorité que celle des mots tracés, des pensées formulées. C’est le moins dans la guerre du sens et de la censure. Nous ne visons pas d’autre autorité que celle que nous élaborerons en intelligence avec ceux qui s’approprient ces termes que nous imaginons constitutifs d’un débat public régénéré : est public ce qui concernent tout le monde : l’argent est roi, détrônons-le démocratiquement. La démocratie, c’est le pouvoir de gens ici et maintenant. Voilà notre angle d’attaque. Forcément, dans notre dynamique, l’Etat est un angle mort. Tout simplement – ignares banals que nous sommes – il n’entre plus dans notre champ de vision. Nous ne nions pas pour autant que les gouvernements ne nous représentent. Mais, ils ne représentent guère que nos plus bas instincts ; c’est un repère relatif à ne pas négliger tout à fait. Comme cela est triste à mourir, que nous nous sommes toujours refusés au cynisme, nous nous autorisons les plus hautes ambitions, même pas pour un pays ou une nation en particulier, pour le genre humain : simplement parce que nous ne voyons pas de sens commun à moins. Si nous devons nous brûler les ailes, ce sera à ce soleil.

1. Partant de là, nous voyons chaque individu comme un allié potentiel, jusque dans la critique. Et comme ce forum l’implique, le récit et le partage de son expérience professionnelle (ou familiale) douloureuse est certainement une bonne base d’autodéfense afin de répondre aux situations d’urgence, que l’on soit tiré d’affaire, victime ou témoin empathique (ou bourreau malgré soi ?). Par exemple, ce pourrait être le lieu de chroniques plus ou moins journalières des champs de bataille que certains deviennent sous le feu des injonctions laborieuses – une manière de journal extime du burn out, de compte rendu factuel du rapport de force en cours comme des parades éprouvées.

Aussi difficile que cela puisse être lorsque l’on est soi-même en difficulté, cela serait d’autant plus précieux que l’on sait d’ores et déjà que ces situations de torture se renforcent notamment de l’isolement qu’elles induisent et de la prolifération des attentes contradictoires, des sous-entendus et autres non-dits. Pourquoi se priver du regard extérieur et du recul qu’il permet, de la franchise réciproque que ce dispositif favorise ? D’un tel redoublement de la distance et de l’assistance qu’offrent des repères écrits, dans la tourmente ? Pourquoi ne pas postuler la bienveillance a priori de ses interlocuteurs inconnus – sans céder pour autant à une naïveté déplacée ?

2. Par suite, il est tout aussi important de rendre compte publiquement des termes et des fins de la gestion des ressources humaines tels qu’on nous les sert en formation et réchauffe au quotidien. Le forum associé au triptyque documentaire « La mise à mort du travail » semblait tout destiné à cela, mais est plutôt décevant de ce point de vue : chaotique et déjà en perte de vitesse après 3 semaines. Il est vrai que si la question managériale y était centrale, cette étude de cas allait de la souffrance des salariés (partie 1, la destruction) à la prépondérance de l’actionnariat (partie 3, la dépossession). Cela dit, l’allégeance étroite à l’entreprise qui se manifeste via ce forum est aussi digne d’intérêt.

Mais, comme pour ce forum, la partie ne fait que commencer : tout est entre nos mains. Si l’on veut, parce que nous y voyons du sens, que ces forums servent au delà du temps court de la stimulation médiatique et de leur fonction d’exutoire, il ne nous faut compter que sur nous-mêmes. A une moindre échelle, en d'autres temps, le "téléphone arabe" aurait été le moyen le plus simple pour ce faire. Mais, en systématisant une pratique courante et qui assure la diffusion par mail de toutes sortes de documents de plus potaches aux plus anxiogènes, nous pouvons assez facilement entretenir, prolonger et approfondir l’existence des ces forums d’intérêt public. Sans compter les autres opportunités qu’offre Internet d’en faire une publicité qualitative, au fil de nos dérives.

3. Si l’on reprend l’analyse du documentaire « La mise à mort du travail » et que l’on considère que l’idéologie managériale est le bras armé de la religion éconimiste, force est de constater que nous sommes démunis, sans perspectives globales : il ne s’agit plus seulement de l’urgence d’une expérience individuelle à surmonter ou de la profondeur d’une emprise collective et idéologique à dénoncer, il s’agit comme d’un au-delà, d’un inconnu – familier pourtant – apparemment intangible, quoiqu’il soit comme une ombre derrière chaque chose et événement, décision et ambition : c’est un pouvoir à faire tomber, pas même à prendre puisqu’il est déjà entre nos mains et qu’il n’est rien sans nous (tandis qu’accessoirement l’Etat revient dans le champ de vision comme défenseur et serviteur de son véritable maître – comme diversion en fait). Une crise financière ne doit pas aveugler sur le fait que les propriétaires effectifs du monde sont les marchands et que l’idole de tout le monde est la marchandise, la chose qui s’achète et se vend et pense pour nous. Les financiers, les spéculateurs et compagnie ne sont que des marchands d’argent.

Mais tout cela est considéré du point de vue pratique dans les propositions de work0ut et via le troisième forum que nous vous invitons à parcourir et élaborer (speak0ut). Quand les plus optimistes pensent que le rôle de la société civile est de forcer l’Etat à assumer le sien, c'est-à-dire à limiter le pouvoir du Marché, notre scepticisme nous conseille d’envisager que c’est une médiation et une débauche d’énergie inutile, exorbitante, non ? Que cette hypothèse remette tout en question nous semble même la meilleure préparation à un tel bouleversement mais que nous n’aurions pas décidé, non ? Et puis, quel meilleur moyen de pression sur des gouvernements que de leur signifier ouvertement et fermement – déjà par notre curiosité déplacée – leur inutilité majeure pour ce qui intéresse le plus grand nombre des humains – par lassitude des discours calibrés et stériles d’abord et par hypothèse surtout, car nous non plus n’en savons mais ?

D’où l’intérêt d’une fréquentation obstinée et contagieuse de ces trois forums pour commencer de nous mobiliser et d’y voir plus clair


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Re: pour une mobilisation généreuse

Nouveau messagede Ryszard Siwiec » Ven 5 Mar 2010 22:54

le forum d'arte vers lequel la "mobilisation généreuse" redirigeait étant fermé, c'est par là que cela se passe maintenant :

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