du voisinage relatif

théorie du voisinage relatif

du voisinage relatif

Nouveau messagede 10 000 » Mar 15 Sep 2009 23:51

Eu égard aux conditions modernes de colonisation mentale – professionnelles, marchandes, pathologiques et divertissantes –, nous nous efforçons d’aller au plus bref et au plus simple.

Ainsi, notre intérêt pour les relations vécinales ne devrait pas nécessiter de longues explications.


Précisons seulement que « vécinal » vient de l’espagnol vecino (voisin), en référence aux assemblées de voisins qui ont éclos en nombre durant la révolte des classes moyennes argentines (2001-2002) : « Que se vayan todos, que no quede ni uno solo ! » (Qu’ils partent tous, qu’il n’en reste plus un seul !), parlant initialement du personnel politique, et par extension des juges et des médiatiques. Nous dirions plutôt : pour commencer, oublions-les tous – ou bien, voyons voir sans eux et leur façon de voir.

Notre « nous » est un nous de potentialité ; il sous-entend le pouvoir des gens, dont chacun peut être. C’est un nous pour autant que nous sommes pairs et facteurs de pairs (peerfactors). Ainsi, nous, la commission aux écritures publiques et numériques, sommes 10 000 – un collectif et un dispositif ouverts


Certains n’hésitent pas à considérer le genre humain comme une seule famille (voire leur seule famille). C’est même une conviction et une façon d’être et de voir de plus en plus commune [?].

Plus pragmatiquement, nous nous attachons à regarder les humains comme autant de voisins.

Ainsi, il n’y a jamais eu autant de voisins relatifs de part le monde, que l’on parle des gens d’un autre quartier, d’une autre ville, d’un autre continent ou d'un autre moment. Il n’y a jamais eu autant de voisins et si peu d’échanges, et d’échanges directs en particulier [?]. Aussi bien, la plupart de nos voisins relatifs ne sont que des voisins potentiels.

C’est pourquoi nous nous proposons de rencontrer ces gens, c'est-à-dire de nous rencontrer entre pairs anonymes pour confronter nos visions et expériences du monde, et pour aborder en particulier le phénomène du voisinage, scruter le potentiel offensif de relations vécinales intéressées et intéressantes.

Mais, il n’y a pas de lieu vraiment évident et attrayant (ni d'incitation) qui soit propice à la profondeur des débats que pourrait mener notre époque, qu’il s’agisse de 2 ou 3 personnes, de 50 ou de 1000 – qu’à cela ne tienne :


“If we take a stroll around one of these cities, noticing the kinds of buildings that exist, we will come up with something like this list: banks, factories, department stores, warehouses, office buildings, shops, churches, houses, apartment buildings, museums, schools, an occasional union hall, sports arenas, theaters, restaurants, convention centers, garages, airports, train stations, bus depots, nightclubs, hospitals, nursing homes, gyms, malls, hotels, courthouses, police stations, and post offices. What we will rarely see is a meeting hall.

(…) There may be a union hall, church, roller skate rink, or high school gym in the neighbourhood. But also, warehouses, supermarkets, and department stores have large open floors that could be cleared and made into meeting halls.

(…) at first, we will have to make do with what already exists. The wealth of centuries is embedded in the existing architectural plant – a plant that reflects capitalist values, priorities, and social relations.

(…) But when we do rebuild, the mark of our new civilization will be its assembly halls. Just as earlier worlds have been characterized by the temples and theaters of ancient Greece, the castles and cathedrals of medieval Europe, and the banks and skyscrapers of modern capitalism, so the new social world of a cooperatively self-governing people will be known by its meeting halls. “

1. « Nous verrons rarement un lieu d’assemblée publique [meeting hall] (…) si nous nous promenons à travers villes.

(…) Il y a peut-être une maison des syndicats, une église, un parc de skate ou le gymnase d’une université dans le voisinage. Mais les entrepôts, les supermarchés et les centres commerciaux ont aussi de vastes espaces ouverts qui peuvent être vidés et transformés en lieu d’assemblée.

(…) Au départ, nous aurons à nous débrouiller avec ce qui existe déjà. La richesse des siècles est enchâssée dans la production architecturale existante – une production [plant] qui reflète les valeurs, les priorités et les relations sociales capitalistes.

(…) Mais quand nous devrons reconstruire, la marque de notre nouvelle civilisation sera ses espaces d’assemblées. Exactement comme les époques précédentes avaient été caractérisées par les temples et les théâtres de la Grèce antique, les châteaux et les cathédrales de l’Europe médiévales, les banques et les tours du capitalisme moderne, de même la nouvelle organisation sociale des gens s’autogouvernant coopérativement sera connue pour ses lieux d’assemblées. »

2. Pour tempérer cette exaltation bâtisseuse, rappelons les assemblées argentines autoconvoquées qui s’installèrent sur les carrefours des grands axes urbains, à proximité des banques ; puis, inclinant à la bonhommie, dans les parcs publics, etc.


Il y a certes des voisins géographiques potentiels tout autour de l’endroit où nous vivons, mais ils ne sont pas forcément les plus aisés à rencontrer. N’empêche, notre position même sur la démocratie, la chose publique, le sens commun, nous commande d’aller voir par là : informer autant que mobiliser, publier et confronter nos convictions, découvrir des alliés. C’est aussi bien vérifier l’espèce de confinement médiatique à domicile que l’on soupçonne, et, le cas échéant, le rompre.

Par rapport au degré de développement et de communicabilité de work0ut et aux potentialités de diffusion autonome, nous commencerons sur la base d’« entrevues relationnelles », telles que définit dans l’ouvrage « Roots for Radicals », que nous traduirons partiellement (en particulier le chapitre 2, the relationnal meeting – déjà les passages qui nous interpellent), et commenterons, agrémenterons, détournerons dans notre perspective.

Et puis, nous découvrons des voisins affinitaires potentiels au gré de nos recherches, des individus potentiellement workaoutants ; comme par ce communiqué de l'information dominante et quotidianniste (un bon annuaire ou l’Internet feront le reste) :

« C'est la base des Goodyear qui est à l'origine de ce rassemblement. On en a marre de ces trois journées par an de manifestations intersyndicales et des négociations des confédérations avec le Medef », selon Jérôme Beauvais, ouvrier à l'usine de pneumatiques Goodyear d'Amiens-Nord.

« Un cabinet d'experts a montré que le plan de suppression de 1.093 postes n'est pas justifié économiquement, nous nous réservons le droit d'aller en justice », a fait valoir Serge Allegre (Michelin - Blanzy).

Ou encore celui-ci qui semble lui répondre du point de vue collectif, anonyme et préhistorique – et qui semble un élément de catalyse digne de considération :

« H.I.J.O.S., enfants pour l’identité et la justice contre l’oubli et le silence, est né en 1995. Face au vide juridique laissé par les lois d’amnistie (loi du point final en 1986, loi d’obéissance due en 1987 et les grâces présidentielles de Menen en 1990) et à l’impossibilité de poursuivre les militaires, les H.I.J.O.S ont inauguré à travers l’escrache, une pratique inédite de la condamnation sociale.

« Escracher », mot argotique, signifie montrer, marquer, démasquer un responsable direct du terrorisme d’Etat des années 1970 et l’affronter dans son espace de vie.

Les H.I.J.O.S. font une enquête sur les anciens tortionnaires, ils établissent une sorte de curriculum de l’action et du rôle joué par ceux-ci durant la dictature. Une fois « l. escrache » lancé, ils s’installent dans le quartier du prochain « escraché », afin de parler avec les voisins et leur expliquer l’action qu’ils veulent mener à bout. Le jour de « l’escrache », la population est invitée devant le domicile. Là, tout est rendu visible et « audible », les façade du bâtiment sont repeintes en rouge (…)

L’escrache s’organise pour donner une réponse à ce qui le fonde : la JUSTICE. C’est une idée et une pratique différente de la justice, en opposition avec la justice formelle. Dans l’escrache, la justice ne dépend pas de l’institution qui l’incarne, mais de l’action qui la produit. Ce n’est ni l’institution, ni la norme, ni le droit (positif) qui fonde le juste, mais l’action pratique concrète de la justice. Il est une nouvelle façon de concevoir la démocratie.

L’escrache se conçoit selon diverses dimensions.

1. la condamnation sociale : la lutte contre l’impunité, le refus catégorique de cohabiter avec les assassins et les tortionnaires qui vivent en liberté, mais aussi le rejet de la proposition politique de reconstruire la société argentine sur des bases qui font de la torture, de la disparition et de l’inhumain la norme sociale.

2. l’affrontement de la peur : Se rendre au domicile de celui qui a probablement tué nos parents, l’affrontement dans son espace, permet de faire pencher la peur du côté du tortionnaire. Le caractère fictif et animé, bruyant est aussi une forme de réponse à la clandestinité et à l’anonymat de la disparition.

3. la dimension sociale : l’escrache permet à la société de s’exprimer. H.I.J.O.S. reçoit des lettres d’anonymes qui veulent contribuer à leur manière à faire sortir de l’ombre les militaires. Cet anonyme qui n’aurait sans doute jamais communiqué à ses voisins ses doutes sur un des habitants du quartier le dit aux H.I.J.O.S. En dévoilant l’identité des tortionnaires, l’escrache permet à la société de se dévoiler à elle-même, comme si à l’anonymat des militaires répondait l’anonymat de la société. »

En un sens, notre police scientifique prépare l'escrache de l'éconimisme concentré, diffu et intégré. Mais si l'escrache argentin rendait la justice a posteriori, on aura bien compris que nous avons une idée bien définie de la justice, financière en particulier - une justice a priori



A terme, ce processus de rencontre ad hominem (d'homme à homme) que nous lançons conjointement à ce forum, devrait favoriser, si possible et opportune, l’expression plus directe et offensive de work0ut, sous forme audio, et via la nébuleuse téléphone portable en particulier. (cf. gros plein de sens)
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