écritures publiques / verso

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écritures publiques / verso

Nouveau messagede 10 000 » Sam 26 Déc 2009 04:33

[publié le 17 12 09 sur le forum de la coordination RESPIRE, en écho à la proposition de l'administrateur du site de développer un nouveau produit dans le groupe Spir communication, en pleine période de changement stratégique et de licenciement]

« Juniors et Seniors » (voir idée numéro 2) n’existe pas encore et voilà déjà un scoop. Cependant, même si vous avez déjà parcouru workout et que vous avez une vague idée de ce que nous entendons par « mécénat démocratique » le rapport n’est pas évident, pas explicitement formulé du moins. Or, si par définition ce dispositif d’entraide peut concerner tout le monde (car financé à raison de 1 euro / mois par mécène), il semble logique qu’il s’applique plutôt des salariés embauchés vers les chômeurs, intérimaires et autres précaires (parents isolés, sans papiers, etc.) ; et de même, qu’il permette aux retraités notamment, parmi ceux qui ont le temps et l’argent, de soutenir les projets des plus jeunes dans la dèche (avec leurs expériences diverses en sus).
Nous n’avons malheureusement pas encore connaissance de mise en place effective d’un projet grâce au mécénat démocratique. Mais cela ne devrait pas tarder – même s’il est vrai que c’est une proposition encore très confidentielle –, car elle pourrait intéresser les nombreuses personnes pleines d’idées et entravées, sans parler des plans sociaux en ce moment et à venir. Il est inutile de préciser que w0ut n’est pas une marque déposée, que ces propositions sont libres de tous droits et que ce mode de financement, bien que présenté pour la fonction d’écrivain public moderne (selon l’esprit plutôt que la lettre), peut être utilisé, modifié, amendé, annexé et nommé comme il convient à chacun (en relation, du moins, avec le cercle de mécènes, par exemple : 20x15x10 = 3000 mécènes x 1euro/mois ; ce qui signifie qu’il suffit de trouver et rester en contact avec 20 mécènes qui s’engagent à en trouver 15 qui s’engagent à en trouver 10, et le tour est joué avec un minimum d’organisation et de mobilisation individuelles ; tous ces gens formant une espèce de conseil démocritique dans l’esprit des chevaliers de la Table Ronde et de la Hongrie de 1956 : quelle meilleure école pour de jeunes cons individualistes, ainsi placés, chacun avec son projet, au centre d’une attention bienveillante – en cette époque où la reconnaissance se paie trop souvent de la plus abjecte et commune servilité ? Et puis, une fois que l’on est sponsorisé de la sorte, quoi de plus naturel que de devenir mécène à son tour, d’autant de projets que possible ? Plus qu’une question d’argent, le capitalisme dépend essentiellement de la mise en mouvement de l’argent – d’où le coup de boost dû aux NTIC. La généralisation de l’autonomisation de la dépendance au salariat peut donc se résumer en termes de mouvement et de vitesse, assortis d’une once de volonté, bien sûr.)

Par contre, en elle-même, l’activité d’écritures publiques / catalyse démocratique / relation laïque – dont w0 est un spécimen en action – pourrait bien être un autre scoop pour « Juniors et Seniors », voire un élément ou l’ébauche d’une charte éditoriale, car les connexions sont évidentes avec l’idée d’un journal interactif – le journal de ceux qui s’arrachent. Les connexions, déjà nombreuses, sont même loin d’être déjà toutes envisageables étant donnée la faible envergure actuelle, pratique, de notre balbutiante initiative. Toutefois, l’évocation de cette mise en puissance sera l’occasion d’aborder un aspect complémentaire, ou même consubstantiel, au rôle d’écrivain public ; aspect que nous n’avons pas encore développé malgré son évidence, et aussi à cause d’elle.

Ce ne sera une découverte pour personne que l’isolement caractéristique de la civilisation moderne, et urbaine en particulier, frappe surtout les plus vieux. Or, l’écrivain public, tel que nous l’entendons, est aussi polyvalent qu’il le souhaite et le peux, et que la situation le sollicite. Mais sa compétence implicite, son verso pour ainsi dire, c’est la fonction de lecteur public. Partant de là, fort de ce que nous avons déjà avancé sur les potentialités de régénération démocritique de ce métier, notamment en terme de lien social, une voie s’esquisse : partir à la rencontre des habitants d’un quartier pour présenter les services que l’on peut rendre en tant qu’écrivain / lecteur public. (Il est évident que ces services doivent être gratuits, ou fort peu onéreux, et qu’ils dépendent et varient selon les individus qui les proposent.) Seulement aller chez quelqu’un (ou rassembler quelques personnes chez l’un ou chez l’autre) pour faire la lecture du journal, d’un roman, du courrier, etc., c’est être lecteur public. Il suffit de le vouloir et de le faire de son mieux, et c’est du bénévolat – que l’on soit rémunéré ou pas. Et dans le même temps où l’on rencontre les habitants d’un quartier, on peut évaluer avec chacun leur besoin d’informations et du support papier – entre autres besoins (1). Car, n’est-ce pas, distribuer gratuitement des journaux qui ne seront pas forcément lus semble une aberration écologique, sinon économique ? A tout prendre, mieux vaut un abonnement gratuit et, si besoin, les yeux d’un autre pour en lire régulièrement les livraisons. Les yeux, et plus si affinités, évidemment. Précisons encore, que notre intention n’est pas de contester une option par rapport à l’avenir de la presse papier, éventuellement de l’affiner. Pas en nous en remettant à des experts et à leurs statistiques (ou avec des pincettes), mais par nous-mêmes, ceux d’en bas : selon notre parti pris et dans le mouvement même d’écritures publiques. D’ailleurs, cette proposition ne contrarie en rien la réorganisation évoquée par l’idée numéro 2. Au pire, elle lui offre un second souffle, peut-être déterminant, car ce n’est là qu’une bataille isolée dans une guerre totale apparemment sans fin (2). Et au pire du pire elle peut permettre à quelques-uns de s’en sortir de façon exemplaire, en donnant un sens très clair et inédit aux fanfaronnades convenues qu’on nous a servies, s’il vous en souvient, quand on a commencé à parler sérieusement de la crise en France : « cette crise est une chance », « plus rien ne sera comme avant… » Coinché !



1. Nous disons « entre autres besoins », car, du point de vue global que nous n’abandonnons jamais, connaître et discuter localement, qualitativement et quantitativement la demande semble être un moyen de reprendre le dessus sur l’offre qui visiblement fait tourner la tête des consommateurs spirituellement affamés. En plus d’évoquer une démarche radicale en cours sur une large échelle (30 000 hab.) et un mode opératoire potentiellement aussi fécond qu’aisément appropriable, l’exemple suivant peut illustrer le genre d’engagement sur quoi se fonderaient les relations entre les assemblées autonomes locales/vécinales et les assemblées autonomes des entreprises ouvertes mentionnées dans « Pourquoi pleurer » :

« Une carte annuelle de la consommation et de la production locales est une opération de recherche détaillée qui fournit des informations à jour sur la quantité de chaque chose habituellement consommée dans les ménages [...] Ces informations sont collectées grâce à une vaste enquête effectuée porte-à-porte par les jeunes du quartier. L'information obtenue permet [...] de mieux évaluer quels types d'investissements devraient être encouragés ou pas, selon la quantité de chaque chose (produit ou service) qui doit être fourni. »

« Chaque mois se tient une réunion appelée "forum économique local", où des entrepreneurs, les habitants et tous ceux qui s’intéressent à l'économie locale, ont la possibilité de discuter quelles nouvelles activités doivent être encouragées. Elle est fondée sur le principe que chaque membre de la collectivité, en dépit de son niveau d'éducation ou de sa situation économique, est un agent qui peut apporter des solutions aux problèmes locaux. »


Cette dernière phrase renvoie, au-delà de l’aspect gestionnaire – bien étroit malgré l’ampleur de la tâche dans nos contrées hyperconsuméristes –, à ce que nous espérons avoir commencé de rendre sensible dans nos rubriques « rencontres vécinales » et « agora file ».

Pour conclure, il faudrait qu’il soit bien clair que notre attention pour l’écrit ne signifie pas une quelconque panacée (encore moins un programme clés en main). Même s’il est important que des choses soient écrites et offrent comme des repères relatifs à un moment où la confusion, la vacuité et la versatilité sont à leur comble, nous ne doutons pas que les téléphones portables et autres moyens d’échange de MP3 ne soient des armes de pointe qu’il nous faudra maîtriser rapidement, ainsi que le langage workaoutant adéquat à ce mode de dissémination de la parole publique – je répète : the workaoutant language appropriate to this mode of dissemination of public speech (et alors, nous autres croulants aurons bien besoin de lumières juvéniles). Car, n’est-ce pas, peu importe que l’on sache lire ou pas, c’est la recherche pratique et effective du sens de l’humanité qui compte, isn’t it ?


2. Au pire, elle lui offre un second souffle, permet une profonde inspiration, selon le principe que nous aimerions glisser dans l’oreille des salariés qui prennent l’oseille avant de se tirer, pour ne pas dire avant de se faire mettre à la porte : autant que possible, prenez l’oseille et restez dans la place (si vous estimez qu’elle en vaut la peine, non pas sentimentalement, pour vous, mais socialement et industriellement, comme entreprise potentiellement ouverte – à la dynamique workaoutante et à l’entraide, plutôt qu’à la concurrence). Occuper son lieu de travail afin de ramasser quelques pions avant de se retrouver sans emploi est un lot de consolation éphémère qui équivaut à une capitulation. C’est pourquoi il paraît plus tactique de se mettre en capacité de prendre l’oseille collectivement, comme la Filpac le suggère dans le cas présent… Et si les actionnaires d’Ouest France ou autres décideurs n’ont pas suffisamment d’intérêts dans IPS et Cie pour les contraindre en agissant in situ, n’en n’ont-ils pas ailleurs qui seraient vulnérables à vos pressions… ? Pour ce faire, le nombre est peut-être nécessaire, mais insuffisant de toutes façons : il faut trouver une faille, le point sensible de l’adversaire (du décideur en dernière instance dont on a fait sa cible) et la menace idéale que l’on est capable de mettre à exécution ; à vue de nez : comment lui faire perdre plus d’argent que ce qu’on veut lui prendre ; comment profondément et durablement altérer son image de marque ; comment le ridiculiser, etc., et tout cela en s’amusant... (a) Et s’il faut des gens disponibles et convaincus pour organiser une telle opération, cela devrait se trouver sans peine parmi les désœuvrés en colère, tandis que le mécénat démocratique pourvoirait aux frais de campagne. La publicité de cette extorsion de fonds rondement menée pouvant se transformer – et d’autant plus que le terrain aura été préparé indirectement par la diffusion autonome de la parole publique – en une traînée de poudre susceptible d’établir des communications dans les branches et les filières et entres elles sur des bases tout à fait nouvelles ; pour le dire vite (et s’émanciper aussi vite du marché) : Vive la gestion workaoutée de la chaîne logistique ! Mieux : Vivent les services d’approvisionnements et de recherche et développement technologique workaoutants ! La concurrence absurde en meurt ! Vivent les branches workaoutantes et leurs rameaux ! (b)



a. Sans parler de l’organisation de base qu’implique tout conflit de ce genre, on perçoit bien par cette approche le manque cruel d’une vision chronologique de la cotation boursière en rapport notamment avec la politique du groupe, d’une vision des enjeux du secteur et du partage de l’influence entre Conseil d’Administration, actionnaires et direction ; c'est-à-dire d’une représentation sur le long terme des jeux de pouvoir à l’intérieur et à l’extérieur du groupe, et des leurs actions et interactions respectives ; c'est-à-dire encore d’une moindre capacité d’anticipation – sinon, comment se fait-il que les premiers concernés soient toujours les derniers avertis qu’ils vont se faire manger ? Ah oui, c’est vrai, les ogres ne sont pas fair play… Cette tâche apparemment complexe, ennuyeuse et sans assurance d’utilité pourrait néanmoins être confiée à un petit groupe de curieux, proches de, sinon salariés de l’entreprise et capables de traduire synthétiquement leur enthousiasme de dissecteurs. Ce qui serait un jeu pour eux pouvant se révéler à l’occasion une source de renseignements déterminants (et pourrait constituer un nouvel indicateur mis à disposition par les blogs d’entreprise – voir « police scientifique par tous / 2.1 »). Comme il pourrait être intéressant d’assister aux assemblées générales pour obtenir certaines réponses, creuser certaines contradictions ou pour toutes autres raisons (la possession d’une seule action suffit pour cela, non ?)
Nous ne voyons guère d’ouverture, comme certains ont pu en imaginer, du côté d’associations de petits actionnaires à caractère éthique, devenant suffisamment influentes pour peser directement sur les décisions et créant par là même un pont entre les générations, entre la résignation gestionnaire et la naïve indignation globalement altermondialiste… non pas que cela soit impossible du point de vue quantitatif (il semblerait, par exemple, que dans les entreprises du cac40, les petits porteurs soient déjà majoritaires à 70 %), mais du fait de l’incapacité actuelle à dépasser un conflit d’intérêt évident et fort peu original : celui entre la logique marchande et les questions d’humanité. Cela étant dit pour ne pas préjuger trop de la capacité des boursicoteurs à imaginer d’autres critères à leur participation actionnariale que dividendes et cotations… et alors même que cela nous semble des détours bien sinueux. “Proxies represented a key to participation by the middle class […] that vast majority […] who feel helpless in the huge corporate economy, who [doesn’t] know which way to turn […] and rationalize [its] action by saying that, after all, the experts and the government will take care of it all. […] Trips to stockholders’ meetings will bring drama and adventure into otherwise colorless and sedentary suburban lives. Proxy organisations will help bridge the generation gap, as parents and children join in the battle against the Pentagon and the corporations. […] the stockholders will find such satisfaction and meaningfulness in their campaigns that these will be more important than cut in dividends.”


b. Ce qu’il nous est arrivé de formuler ainsi, d’un autre point de vue, dans un sens moins immédiatement concret : vivent les comptables (et les banquiers) workaoutés ou séquestrés !
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