EN AVANT TOUTE !
Assumer la diffusion de la parole publique en dehors des médias dominants est la première impulsion, le premier et moindre effort.
Ensuite, certains pourront éprouver le besoin de disposer de plus de temps, de tout leur temps, pour en tirer les conséquences.
Comme il s’agit de se mesurer à la complexité, par souci d’efficacité et d’intelligibilité, la simplicité s’impose : que l’on soutienne seulement tel et tel projet à raison de 1 € / mois, cela permettra à des individus de développer des activités que l’on estime d’utilité publique. Ce genre de mécénat démocratique est évidemment un moyen commun de soutenir des priorités affectives. Car à tout moment la plupart des gens disposent sans problème d’une dizaine d’euros. Un projet un peu sensé doit donc pouvoir assez facilement fédérer quelques centaines de personnes prêtes à donner 12 € / an.
La modicité de la somme est une chose, mais l’autodiffusion et l’appropriation de la parole publique reste évidemment prépondérante.
Ce type de financement, alloué à la base par la base, appliqué par seulement 15 des 25 millions de salariés français permettrait de soutenir, dans l’hypothèse basse, quelque chose comme 8300 initiatives individuelles agréées par nous-mêmes.
Imaginez seulement la bouffée d’air frais dans le cloaque merdiatique et quotidianniste : environ 80 électrons libres par départements, dans un état d’excitation et de contagion supérieures, s’efforçant d’en rendre compte et d’entrer en synergie, pour 1 euro par mois ; 800 par départements pour 10 euros par mois, etc.… Il faut se donner les moyens de ses ambitions, non ?
Evidemment, cela est encore plutôt informe. Mais c’est aussi ce qui fait l’intérêt d’y participer dès le commencement.
Le premier objectif étant la refondation d’une institution mondiale (l’argent), il n’est pas nécessaire que cette action soit légale aux yeux des lois d’aujourd’hui – du moment que ce changement fait sens pour ses tenants.
Cet objectif est motivé par la constitution de l’assemblée générale du genre humain et la libre possibilité pour chacun d’y participer – non sans remédier au passage à une injustice patente que l’on déplore quotidiennement, sous une forme puis une autre, pour mieux s’y résigner. Assemblée, dont le fond et la forme, la profondeur, les buts, seront radicalement à l’opposé de la gouvernance mondiale à laquelle on veut nous accommoder.
Ces positions sont fondées dans la croyance que nous sommes capables de déterminer nos objectifs et de nous organiser en conséquence, sans hiérarchies, sans chefs, ni partis.
L’organisation de notre mobilisation sera la vérification pratique de cette croyance, ainsi que d’autres qui lui sont comme consubstantielles. Telle l’hypothèse que rien n’empêche de concevoir l’individu comme une capacité d’action et de réflexion, stimulée par le dialogue entre égaux, plutôt que comme un récipient que le savant doit remplir par son savoir (hypostase moderne de l’éducation) ; que la maîtrise de la pensée est le défi du genre humain plutôt que la réussite passagère d’individus ; qu’a priori tout le monde à un moment donné est susceptible de participer à la prise de décision collective ; bref, que l’on ne tient son mandat que de son insatisfaction et de son envie : à tel point que la division n’est plus entre électeurs et politiciens, mais entre ceux qui veulent décider par eux-mêmes et participer à la détermination de l’humain par l’humain (cette liberté ne se donne pas, elle se prend) et ceux qui tolèrent le système de gestion médiatico parlementaire en place.
Voilà les grandes lignes qu’il parait fondamental de démêler et de préciser – d’expérimenter surtout – et qui recoupent, non seulement ce qui surgit et s’ébauche avec ce que les révoltes ont de plus négateur et virulent envers les principales médiations modernes de notre rapport au monde (marchandise, information, Etat), mais aussi ce que l’on désigne, sous le manteau, comme éducation populaire, émancipation intellectuelle, recherche militante, enquête-action, intelligence collective, autodidactisme, activisme, agit-prop, etc. (en théorie et dans les pratiques contemporaines).
Enfin, pour stimuler le discours public et initier une enquête du genre humain sur lui-même, la rue, les lieux publics et les forums Internet semblent être des terrains de jeux tout trouvés.